Physiologiques

L’os, un tissu vivant.

L’image d’une structure osseuse minérale figée, inerte, et ne faisant que perdre du calcium au cours du temps est trompeuse. L’os est au contraire un tissu vivant en perpétuel remaniement. Son état à un instant donné de la vie est en fait une photo instantanée d’un équilibre fragile entre résorption (destruction) et construction. Tous les facteurs capables d’influencer ces deux phénomènes modifient cet équilibre et impactent ces changements à long terme réunis sous le terme de santé osseuse.

La structure minérale de l’os

Elle s’organise autour d’une forme cristalline du calcium appelée hydroxyapatite qui sert d’armature à l’os et lui donne sa solidité et sa résistance mécanique. Cette structure accueille d’autres minéraux, en moins grande quantité que le calcium et qui sont aussi moins souvent cités comme le phosphore, le magnésium ou bien encore la silice.

Cette trame minérale est le support d’une activité cellulaire continue qui fait de l’os un tissu vivant en perpétuel renouvellement.

Des cellules spécialisées appelées ostéoclastes sont en charge de dégrader les structures anciennes, permettant leur reconstruction par d’autres cellules : les ostéoblastes.

L’entretien de l’os dépend de cet équilibre entre résorption (dégradation) et reconstruction, et de l’activité coordonnée des cellules qui en sont responsables, les ostéoclastes et ostéoblastes qui assurent donc respectivement la dégradation et de la construction osseuse.

La résistance mécanique de l’os dépend aussi de la capacité de l’organisme à fournir une quantité de minéraux suffisante et de façon régulière pour maintenir la densité osseuse.

Elle atteint un maximum chez l’homme autour de 20 ans, et ne fera ensuite que diminuer plus ou moins rapidement en fonction de paramètres hormonaux, physiologiques mais aussi alimentaires.

Le stade d’ostéoporose est défini en dessous d’un certain seuil de densité osseuse, et est diagnostiqué chez une femme sur 2 et 1 homme sur 5 à partir de 50 ans. Cette différence s’accentue ensuite en lien avec les perturbations hormonales de la ménopause, la chute des œstrogènes induisant une dégradation osseuse plus intense. Elle explique aussi la plus forte proportion de fractures à âge égal chez la femme que chez l’homme.

Agir ou uniquement subir ?

Les études scientifiques menées sur ce sujet permettent de proposer des pistes d’action pour ralentir la chute de la densité osseuse et diminuer les risques de fracture chez les personnes les plus âgées.

La 1ère étape consiste bien sûr à ne pas négliger la courte période de construction osseuse pendant laquelle se construit un capital qui devra ensuite durer toute une vie.

Le calcium est une brique qui permet de construire l’os. Les apports recommandés par l’ANSES sont désormais de 1 g / jour jusqu’à 23 ans. Il faut ensuite maintenir un apport suffisant tout au long de la vie. Mais apporter du calcium n’est en soi pas suffisant. Pour atteindre l’os, il faut lui permettre d’entrer dans le corps. C’est le rôle de la vitamine D qui augmente l’absorption intestinale du calcium et lui permet d’entrer dans la circulation sanguine, condition indispensable pour atteindre ensuite la matrice de l’os. Les études scientifiques ont démontré que le calcium seul n’y parvient pas, et que c’est l’association des deux lors d’une même prise alimentaire, qui permet une assimilation optimale du calcium.

Des connaissances acquises plus récemment ont montré qu’il existait un chaînon manquant entre l’assimilation du calcium et son dépôt sur la structure osseuse. C’est une forme particulière de la vitamine K qui en est responsable : elle a été baptisée vitamine K2, par opposition à la vitamine K1 qui elle régule la coagulation. Son action a été mise en évidence à partir des effets du natto, des graines de soja fermentées consommées au Japon, les plus gros consommateurs de natto ayant la plus faible exposition à l’ostéoporose et aux accidents cardiovasculaires. La vitamine K2 agit en activant une protéine sanguine qui va à son tour prélever le calcium présent dans le plasma et permettre sa mobilisation vers la construction osseuse.

L’action de la vitamine K2 se complète d’une activité de protection cardiovasculaire assurée par l’activation d’une autre famille de protéines sanguines qui vont empêcher l’accumulation du calcium circulant dans la paroi des vaisseaux, empêchant leur rigidification et prévenant les accidents cardiovasculaires.

Le maintien d’une densité osseuse suffisante passe bien sûr avant tout par la stimulation du métabolisme du calcium, mais d’autres facteurs viennent compléter cette action,

Ainsi par exemple les acides gras de la famille des oméga 3 dont le DHA qui ont la capacité de ralentir la résorption (déconstruction) de l’os, ou bien encore des minéraux comme la silice indissociable du magnésium qui intervient comme support de la fixation du calcium. Il a été constaté par des chirurgiens que la phosphatidylsérine, un phospholipide d’habitude préférentiellement rencontré dans le cerveau, accélère la colonisation des prothèses osseuses. La phosphatidylsérine agît ici en favorisant l’organisation du calcium sous forme d’hydroxyapatite.

L’entretien d’une santé osseuse optimale dépend donc du calcium, mais aussi de nombreux autres intervenants plus discrets et pourtant tout aussi indispensables surtout après 50 ans : ne pas négliger les vitamines B dont l’alimentation est clairement défaillante

Chez les sujets ayant un taux bas de vitamines B6 et B9, on note en effet à l’examen histomorphométrique une structure osseuse trabéculaire plus fragile ; à noter également que l’ostéocalcine est plus basse si le statut vitaminique est bas pour les 3 vitamines inter reliées : vitamine B6 – B9 – B12.

Conclusion

Un calcium bio disponible de type calcium d’algue est certes la base essentielle pour un os solide, au même titre que les vitamine D3 et K2, mais il importe également d’assurer, surtout après 50 ans, un apport en magnésium-silicium et zinc, en vitamines B12, B6 et B9 satisfaisant, pour optimiser la résistance osseuse, limiter l’ostéoporose et prévenir les fractures, sans négliger son statut en oméga 3 DHA.


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